INTERVIEW DE STEPHANIE LEDOUX

Stéphanie Ledoux, 36 ans, toulousaine, globe-trotteuse, passionnée de voyages et de dessins, partage son temps entre son atelier et ses expéditions aux quatre coins du monde à la rencontre de peuples autochtones.

Équipée de son matériel à dessin, Stéphanie arpente les rues, les marchés, les gares, les écoles, pour réaliser de magnifiques portraits à la lumière du jour ou sous l’éclairage d’une bougie chez l’habitant. 

Derrière chacun de ses dessins se cache une très belle histoire, celle du modèle ou tout simplement celle de leur peuple avec leurs croyances et coutumes. Un véritable échange humain et culturel se crée et de là naît la magie du voyage. C’est totalement saisissant. Je vous invite d’ailleurs à regarder cette vidéo pour compendre la rencontre avec l’autre. Ames sensibles s’abtenir !

Les portraits qu’elle aura réalisés tout le long de ses voyages reprendront vie ensuite à son retour dans son atelier. 

Stéphanie a déjà pas mal bouger et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Lors de ma rencontre avec Stéphanie, j’ai ainsi pu voyager très loin. Elle est d’une générosité sans faille. On se sent si petite à côté d’elle. Encore merci pour ce merveilleux moment.

Vous avez réalisé environ 80 carnets depuis vos premiers voyages. Vous souvenez-vous du tout 1er carnet que vous avez acheté ?

J’avais 13 ans et c’était en Polynésie. C’était plutôt un journal de bord intime qu’un carnet de voyage, avec des spirales et de gros carreaux. Je me souviens mon stylo plume à encre bleue et mon effaceur. C’était très scolaire mais amusant. Et puis, petit à petit, j’ai destructé le truc, collé quelques prospectus et le journal est devenu un véritable carnet de voyages.

 Avez-vous toujours voulu créer des carnets de voyage ?

J’ai toujours eu une fascination pour le papier. De plus,  je n’ai pas du tout confiance dans ma mémoire. J’aime raconter des histoires. J’aime tous les petits détails qui construisent et façonnent votre voyage. Et c’est ce que j’essaie de retranscrire dans mes carnets.

Parmi tous ces échanges, quelle a été votre rencontre la plus éprouvante ou insolite ?

Ce n’est jamais éprouvant. Je ne me lance jamais dans des séances qui durent plus de 30 minutes. Je ne choisis pas non plus des personnes timides qui ne sont pas à l’aise de poser. Je ne vais pas non plus déranger les gens. C’est un véritable échange qui se fait dans la bonne humeur avec beaucoup de générosité, de spontanéité et de bienveillance.  Je préfère aussi être à l’écart ou au calme. J’évite les endroits publics avec beaucoup de monde. Il m’est en effet déjà arrivé de ne pas finir mon dessin faute de monde ou d’agitation. Je pense aux marchés à Madagascar très folkloriques et agités !    

Votre travail attise la curiosité de vos modèles et parfois,  certains se découvrent même cette passion autour du dessin. Je pense notamment à Alam Tasama. Comment transmettez-vous votre savoir-faire ? Pourriez-vous monter un  projet d’école ?

Je ne me sens pas les épaules de mener à bien des projets sur le long terme à fort investissement.  En revanche, j’ai participé aux « Rencontres photographiques berbères », dans le pensionnat de Tabant, dans le Haut Atlas au Maroc, en tant que professeur du carnet de voyage. Cette initiation autour de la photo, organisée par Saïd Marghadi, photographe et guide accompagnateur originaire de la région, a pour objectif de stimuler les jeunes élèves du pensionnant autour du dessin sur leur quotidien et leur culture puis d’en faire une exposition à la fin.  C’est un très beau projet stimulant, enrichissant et humain.

Avez-vous revu certains de vos modèles ?  Je pense notamment à Zanny/Janny de Madagascar. Est-ce-qu’il y en a d’autres ?  Pourriez-vous en faire un projet global ?

J’ai réalisé le portrait de Janny pour ses 2, 4, 6 et 8 ans. Je lui ai d’ailleurs préparé un petit colis car j’ai une de mes amies qui part à Antsirabe. J’espère avoir de nouveau de ses nouvelles à la suite de ça. Sinon d’en faire un projet global, c’est compliqué, fastidieux et ça va aussi à l’encontre de mes principes dans le sens où j’essaie, pour des questions d’écologie, un sujet qui me touche énormément, de regrouper au maximum mes voyages et d’éviter de revenir plusieurs fois dans le même pays.

Comment organisez-vous vos voyages en amont ?

 Je n’ai jamais le même mode opératoire. Il m’arrive d’être invitée pour une expédition scientifique en Papouasie, ou par une agence de voyage pour réaliser des photos en Colombie pour un magazine. Je peux aussi l’organiser seule, à faire mes petites recherches et regarder quelques photos Instagram… Mais, ce que je préfère, c’est partir avec quelqu’un qui connait le pays et se laisser porter. Je pense à Kares pour l’Iran. Et c’est là que ça devient excitant. Tu vis le truc à fond et chaque jour est une véritable surprise. Le dépaysement est bien là.

Je me souviens d’être allée en Islande à Diamond Beach. J’avais tellement fantasmé sur le lieu que j’ai été déçue en arrivant sur place. Ce n’était pas du tout comme sur les images Instagram. Finalement, c’est beaucoup mieux de se laisser surprendre et d’en rêver sur place.

 Vous racontez dans « Portraits de voyage »  que « La Birmanie est le plus beau voyage que vous avez fait ». Est-ce-qu’il a été détrôné depuis ou pas encore ?

C’est difficile voir impossible de donner une hiérarchie dans le voyage. Pour moi, le voyage est une expérience totale. On se déplace pour aller vivre ailleurs. On y est bouleversé sur plein de plans (culture, nature, histoire, humain…) qu’il est difficile de faire émerger un seul pays par-dessus les autres. C’est une question facile à poser mais impossible à répondre.

Quel sera votre prochain voyage ?

Bali avec une amie peintre. Nous avons loué une petite maisons dans les rizières et je vais rayonner autour en Asie par voie terrestre ou fluviale. Encore une fois, j’essaie de regrouper au maximum mes voyages.  

Votre Top 5 d’indispensable dans votre valise ?

  • Crayons
  • Mon téléphone même si cela me fait du mal de l’admettre
  • Lampe frontale
  • Mon permis de plongée

En règle général, je pars pas super chargé mais je reviens hyper chargé (tissus, artisanat, fenêtres, papier…).

Un lieu secret de voyage que vous adorez ? Moorea. C’est pratique, c’est tout près !!!

Votre endroit préféré pour un coucher de soleil ?  Madagascar (les lumières du soir) l’allée des baobabs

Votre artiste coup de cœur du moment ? On va dire Kares Le Roy

La ville la plus inspirante ? Kyoto

Une ville à visiter sans jamais se lasser ? Bangkok

Votre musique feel good ?  To built a home de Cinematic Orchestra

Votre moto?  Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement. de Gilbert Keith Chesterton     

Une île à recommander ? Ile aux Nattes

Un mot pour conclure ? Émerveillement

 

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